Les Nouvelles Gastronomiques

Voguer vers l’étoile…

Flibuste: N. f. s. métier de pirate des mers.

Le seul point commun entre la dénition de la ibuste et le restaurant qui porte son nom dans la Marina de Villeneuve-Loubet, c’est la proximité du port. L’unique brigandage du propriétaire Roger Martins, en bon pirate de ces petites caraïbes méditerranéennes, consiste à lutter contre le mauvais goût, la cuisine approximative, l’accueil standard. Il faut avouer qu’il y met une réussite certaine, aidé en cela par une équipe soudée et motivée, menée en cuisine par la Chef Eugénie Béziat. Retour sur deux parcours hors-normes…

Eugénie Béziat

Entretien croisée…

Eugénie Béziat est née au Gabon, à Libreville. Elle grandit au Gabon, au Congo, en Côte d’Ivoire. A 18 ans, elle arrive en France.
C’est le grand bouleversement après ces années d’Afrique, années cruciales gorgées de soleil avec l’influence de la nourriture, déjà.
Il y avait là-bas une communauté libanaise importante qui a marqué au fer rouge les goûts d’Eugénie. D’où le khadaïf, marié au foie gras au menu de la Flibuste.

Elle arrive à Toulouse, entre en fac, obtient un BTS, puis elle rejoint le Stade Toulousain.
Je lève un sourcil.
– Vous avez joué au rugby?
Elle sourit
– Mais non. Le Stade Toulousain, c’est une brasserie gastro. Le personnel était employé du Stade Toulousain. Michel Sarran était Chef consultant. Il passait tous les mercredis et nous serrait la main. On faisait des plats de dingue comme l’agneau de sept heures.

Pour Eugénie, Michel Sarran, c’est un peu son mentor. Après le Stade Toulousain, elle part travailler pour lui dans son restaurant éponyme deux étoiles . Ce fut le grand stress mais aussi une incroyable expérience. Puis c’est l’installation en Corse où elle reste trois ans à la Roya*, à Saint Florent, avec le Chef Yann Le Scavarec.

Puis, la Flibuste. Eugénie Béziat y fait appel à sa mémoire du goût, cuisine avec le cœur, maitrise la technique, et utilise tout ce qu’elle a appris pour réaliser ce qu’elle appelle de beaux tableaux…

ROGER MARTINS

Roger Martins est originaire du Portugal. Il arrive en France en 1974 dans la région lyonnaise avec ses parents et ses quatre frères. Intégration, déracinement, ce ne fut pas tous les jours facile et probablement plus dur pour les parents que pour les enfants. Son père, veuf et remarié, ouvre un restaurant à Saint Etienne à la belle époque de l’AS: le Lisboa. Les Herbin, Larqué, Janvion, Rocheteau, les frères Revelli, le gardien Curkovic, viennent manger de temps en temps après les matchs. Monsieur Martins père, qui avait fait une petite carrière de footballeur professionnel au Portugal rêve pour ses fils un parcours dans le foot. C’est Roger qui a tenu le plus longtemps ! La conjoncture devient difficile, la famille ferme le restaurant et part à Chamonix où le père exerce dans le bâtiment. Roger reste à Saint Etienne en pensionnat chez les frères, pendant trois ans. Cinq ans plus tard, la famille redescend à Carros et Roger entre comme minime à l’OGC Nice. Il a ensuite la chance de pouvoir s’entrainer avec les pros du club et joue parfois comme gardien de but en lever de rideau de Coupe Gambardella sur des stades mythiques comme le Vélodrome ou Geoffroy Guichard.

Celui qui a été tour à tour plongeur, bagagiste, chef plagiste à Cocody Beach, reprend la Flibuste fin 2001 après avoir tenu un snack pizzeria et un glacier sur la Marina. Les leçons de cette époque lui sont encore utiles aujourd’hui, pour infuser esprit d’équipe et solidarité.
A la Flibuste le mot d’ordre est « accueil et passion ». On adore recevoir et on accueille comme à la maison, avec jovialité, mais aussi sérieux et respect. C’est « Bienvenue » plus que « Bonjour ».
Eugénie Béziat, Roger l’appelle « Robocop » ou « la petite »…

Souce : cotedazur.julienbinz.com